samedi 16 janvier 2010

Un poème sur l'improvisation théâtrale pour la LIVE et son président


Voici un texte que j'ai créé à l'occasion du party de la Ligue d'Improvisation de Victoriaville et des Environs (LIVE).
Pour ce faire, j'ai essayé de reproduire les conditions que je vis en situation de match, une espèce de sentiment d'urgence accompagné d'une certaine tension provoquée par le défi à relever en improvisation. Ensuite, j'ai laissé aller les mots le plus rapidement possible en faisant le moins de re-travail possible sur le texte. J'ai quand même utilisé le dictionnaire à quelques reprises, histoire de rehausser certains passages. Ce texte a été écrit en vingt minutes, plus cinq minutes de mise en page.




Improvisation mixte en dos d’hier

Je marche en regard du doute
J’exploite la déroute
Je pleure, je ris, je goûte.
Un morceau de peau douce


J’improvise.

Quand le soleil s’éternise sur nos avatars ternis
Quand tes champs de bataille s’éludent sur mon rire
Quand la terre de ton dos tremble et expire

J’improvise.

Peu importe si la plaie qui encombre nos rêves s’infecte
Même si la fatigue me fait bêler des âneries et
Bien que ton ventre porte l’avenir du monde

Tu improvises.

Cacophonie, zébrure, hippique, symphonie onctueuse, jujube, diachronie
Des mots, de la lumière

J’improvise.


Et quand mon pied se pose sur le bord d’une falaise
Que le sel de la mer m’érode et que le vent m’arrache
Du plus intime de moi à jamais amputé de toi
Que les oiseaux, les saisons, émigrent pour ne nous laisser
Que l’hiver où tu n’as plus de nom
Quand mon cri se fane et meurt sur mes dents
Ma main demeure et se crispe sous ton spasme.

J’improvise.

© Claude Côté, 2010



mardi 23 décembre 2008

Noël! Noël! Noël! NOËL?

Ah! la la!

Jamais je n'ai abordé cette fête avec autant d'appréhensions et de crainte que cette année. Au point que j'en viens à me déconnecter de l'atmosphère environnant.

Mais ce blogue n'est pas un journal intime, je l'ai toujours dit. J'aurais quand même une faveur à vous demander. Si vous avez des témoignages à partager à propos de la fête de Noël et ce que ça représente en aspects positifs et négatifs, laissez-les moi en commentaire en marge de cet article. J'en tirerai une réflexion que je redonnerai à toutes et à tous par la suite.

Anonymat garanti.

Merci et Joyeux Noël (autant que possible)!

dimanche 14 septembre 2008

Rire ou pleurer des politiciens?

Ce texte ne sera pas long, il n'exprimera que ma lassitude par rapport au lancement du nouveau cirque politique en vue du vote du 14 octobre. Que nous suivons collectivement un peu comme une saison de hockey. Nous souffrons d'une grande fatigue, d'une grande lassitude par rapport au monde politique.

On remarque que les forces vives qui nourrissent l'État, la classe moyenne, les travailleurs, subissent des pressions incroyables depuis quelques décennies. Augmentation constante de la charge de travail, nécessité d'un deuxième revenu, augmentation constante du prix des maisons et loyers, etc. Beaucoup de jeunes familles se retrouvent dans cette classe sociale. Comment réussir à jeter un regard pertinent sur le processus électoral en portant les responsabilités d'une jeune famille au coeur d'un monde du travail implacable? Et rien ne nous pousse à faire l'effort de vraiment nous renseigner. Nous sommes refoulés vers les campagnes publicitaires bidons, les slogans publicitaires accrocheurs, les reportages télévisés vides, chaque chef branchant sa ligne du jour pour le bon peuple. « Déjà que j'aime pas la politique » (passante de Jean-Talon entendue à Radio-Tralala)

Comment faire confiance à un chef bedonnant se vantant d'avoir diminué les impôts des familles quand l'augmentation des coûts de carburant et des taxes les accompagnant viennent chercher tout autant d'argent dans nos poches?

Comment faire confiance à des hommes et des femmes clamant avoir reconnu notre nation lorsque ceux-ci coupent 45 millions dans le domaine de la culture, où les Québécois, par leur bouillonnante créativité, vont chercher plus que leur part de subventions (entre 30 et 40%)?

Comment faire confiance à un parti qui prétend pouvoir faire la part dorée à l'industrie pétrolière et l'exploitation des sables bitumineux de l'Ouest tout en dotant ce pays d'une véritable politique environnementale?

Comment faire confiance à un homme qui se prétend aussi nationaliste que le chef du Bloc, mais qui a été le porteur d'une loi qui niait le principe fondamental, de toute démocratie, du 50% +1?

Comment faire confiance à un parti « temporaire » qui s'est confortablement installé sur les fauteuils de la Chambre des Communes et qui ne sait plus trop comment aborder les électeurs tant ceux-ci semblent indifférents à son option politique?

Comment faire confiance à un chef d'un parti réputé de centre gauche qui n'obtient même plus l'appui de sa base syndicale au Canada-anglais et qui pense qu'une image « cool » peut tenir lieu de programme? (Bon, d'accord, attaque gratuite! Envoye! Danse mon Jack!)

Quant au parti VERT, vous croyez qu'il est au-dessus de toute critique? Si les rumeurs se confirment, vérifiez qui sera leur canadidat dans Richmond-Arthabaska. Ça se passe de tout commentaire...

Si vous n'aimez pas la politique ou ne vous en occupez pas, la Politique, elle, s'occupe toujours de vous.


Bonne campagne!

samedi 6 septembre 2008

Le grand retour d'une minuscule vedette des années 80

Désolé si l’hebdomablog tarde à prendre son envol. Mais voici, ressurgi de son antre de la fin des années 80, le fameux, le digne et controversé sans être méchant, j’ai nommé :

Le dossier condom

Ce dossier ratisse très large, passant des cocasseries de la sexualité mondiale aux scandales et horreurs de la prostitution infantile tout en s’attardant à tout sujet ayant un lien aussi ténu soit-il avec ce sujet, comme les propos du Pape Benoit XVI sur la contraception repris gaiement par ses choristes fondamentalistes américains.






D’abord, quelques dates importantes de l'histoire du latex :

XIème siècle : Parmi différents objets découverts au Mexique, on retrouve les premières traces d'une balle et d'une boule d'encens dont le noyau est en caoutchouc.
1493 : Christophe Colomb rapporte en Europe quelques objets en caoutchouc brut.
1747 : Charles Marie de la Condamine adresse un rapport à l'Académie Française des Sciences sur la provenance, la préparation et les propriétés du latex.
1790 : Foucroy découvre que l'ajout d'alcool évite la coagulation du latex durant le transport.
1839 : Charles Goodyear découvre la vulcanisation, procédé par lequel on additionne du soufre au caoutchouc pour lui donner plus de cohésion tout en gardant son élasticité, étape importante dans le développement de l'industrie du latex.
1867 : L'arbre « hévéa brasiliensis » pousse facilement à Ceylan et en Malaisie. Les plantations vont se développer en quelques décennies d'abord sous influence anglaise puis des autres pays européens. La Hollande dans ses colonies orientales, la France en Indochine, l'Allemagne en Afrique.
1872 : Naissance à Milan (Italie) du Groupe PIRELLI, de CONTINENTAL et de METZELER en Allemagne, de GOODRICH aux Etats-Unis. La ville d’Akron en Ohio rassemble à cette époque, les principales usines de traitement du latex.
1928 : Fabrication de la mousse selon le procédé SSF qui consiste à ajouter de l'air au mélange.
1932 : Premiers garnissages en mousse de latex dans les bus de Londres.
1935 : Création du procédé Talalay qui consiste en la transformation du caoutchouc liquide en mousse.
2000 : plusieurs pays producteurs comme le Brésil voient leur industrie péricliter devant la concurrence asiatique.
2005 : La consommation de caoutchouc s’établit à 20,6 millions de tonnes, dont 58 % proviennent de source naturelle.


Pour ce qui est du condom en tant que tel, il aurait été inventé vers 3000 av. JC par des soldats égyptiens souhaitant se protéger des maladies vénériennes. Ces condoms étaient fabriqués en boyaux de mouton ou en vessie de porc[1]. En 1564, un médecin italien du nom de Fallopia[2] fait l’éloge dans un de ses ouvrages de l’efficacité de la capote dans la protection contre la syphillis. Le condom de caoutchouc (latex) a quant à lui été inventé en 1880 par la compagnie Good Year, mais les premiers prototypes avaient un diamètre de 25 cm et s’avérèrent peu confortables. C’est cependant ainsi qu’on a inventé le pneu moderne[3]. Le condom féminin est apparu beaucoup plus récemment.

Militants écologistes, rappelez-vous que le condom est une véritable nuisance lorsque disposé dans les toilettes. En effet, le latex est insoluble dans l’eau et les spermicides réduisent sa biodégradation. Malheureusement, il n’existe actuellement pas d’entreprise de récupération des condoms usagés. On comprend que le défi est de taille sur le plan sanitaire ainsi que sur les modalités de transport de la matière première. Vous voyez-vous en train de jeter vos capotes souillées dans votre bac vert? Ou dans le bac brun?Vu que le latex est une matière organique, tout comme le sperme.

Il est difficile d’obtenir des chiffres précis sur le volume de vente des condoms dans le monde. Selon nos sources, plus de 900 millions de préservatifs ont été vendus en 1997, une augmentation de près de 35% par rapport à 1991. Au Canada, le chiffre d’affaire relié au marché du condom masculin s’élève à 730 millions de dollars chaque année. « Aujourd'hui, tout comme en 2006, SSL International est le fabricant mondial principal du préservatif. Vendue dans plus de 150 pays du monde entier, avec des usines de fabrications dans 8 pays, des bureaux dans 35 pays et leader sur plus de 40 marchés, la marque de préservatifs XXXXX représente plus de 26% du marché du condom dans le monde, soit quatre milliards de dollars, ce qui lui confère la place n°1 mondialement. » Vous comprenez que cela signifie que le marché mondial représente environ 16 milliards de dollars.

Je n’ai pu trouver de données sur le nombre d’emploi relié aux préservatifs, mais compte tenu des chiffres évoqués précédemment, il est clair que nous sommes en présence d’une gigantesque industrie. Qui n’existait pas ou très peu il y a 50 ans. Je ne m’attarde pas ici sur les controverses entourant le prix des condoms et leur accessibilité. J’y reviendrai. Rappelons toutefois qu’il s’agit ici d’une lutte entre la recherche de profit propre à toute entreprise et un facteur de santé publique, idéalement dégagé de ce genre de considération, le service à la population devant primer.

Eh oui! Ce petit bout de caoutchouc n’est plus un tabou, son usage s’est très fortement répandu et on ne le considère plus comme un incitatif à la débauche. Si au moins cette industrie pouvait, à l’image du célèbre slogan pacifiste, surpasser en taille celle des armements (1200 milliards de dollars par année, la route est longue...).


Dans le ventre brûlant du continent n’est pas un blog académique. Les sources d’informations sont éparses et proviennent le plus souvent du net. Voici les liens utilisés pour cet article :

http://60gp.ovh.net/~pirellif/

http://www.canadian-health-network.ca/servlet/ContentServer?cid=1058876931680&pagename=CHN-RCS%2FCHNResource%2FCHNResourcePageTemplate&c=CHNResource

http://wiki.hete.ca/Industrie_du_condom

http://miguelensuramerica.top-depart.com/bresil/manaus/recits/dans-les-alentours-du-tapajos-20479.html


[1] De là à affirmer que ces soldats n’étaient que des maudits cochons, il n’y a qu’un pas. Et han!
[2] Eh oui! Les trompes, c’est lui (étrange).
[3] Oups! Excusez-moi, ça c’est une blague.

vendredi 1 août 2008

Les regrets



Passez-vous beaucoup de temps à regretter? Regretter de ne pas avoir pu voter au premier référendum sur la souveraineté; regretter cette gaffe qui aurait pu vous attirer des bosses; regretter de ne pas avoir fait le meilleur choix de carrière; regretter de ne pas avoir amener de parapluie... ou des condoms; regretter cette époque de votre vie ou rien n'était compliqué; regretter ce verre de trop... passons; regretter ce mot qui ne vous est pas venu à ce moment crucial; regretter ces paroles maladroites qui ont blessé.




Les regrets de famille qui ne trouvent pas leur solution.



Les regrets d'amitié qui s'oublient avec le temps.



Les regrets professionnels qui se remarquent quand on se tourne pour voir le chemin parcouru.



Les regrets d'amour portés comme des cicatrices.


On dit souvent que les regrets sont une gangrène sur le bonheur. Vivre dans les regrets se résume à vivre dans le passé. Ou laisser celui-ci prendre toute la place dans le présent jusqu'à l'obscurcir. Pierre Gauvreau disait : « il ne faut pas laisser les morts gouverner le royaume des vivants » (de mémoire).


Regrettez-vous de n'avoir pas dit à votre mère ou à votre père que vous l'aimiez?

Regrettez-vous ce moment où cet ami avait besoin de vous et que vous n'avez pas dit PRÉSENT?

Regrettez-vous toutes ces heures données à un emploi qui vous a donné... QUOI?




Regrettez-vous cette personne précieuse qui après tant d'années vous hante encore?



Mais vivre sans jamais rien regretter, ce serait la désinvolture. Ou l'inconscience. L'incapacité à sonder son propre passé signifie l'incapacité à comprendre les gestes et comportements de son présent. D'où perte quasi totale de prise sur son avenir.

Tout demeure une question d'équilibre. Rien de trop.
J'ai le regret de vous annoncer que ce texte s'achève ici.

mardi 29 juillet 2008

Le retour de la correspondance ou un symptôme de l'individualisation postmoderne?

Je demeure fasciné par les possibilités de communication que nous offrent certains logiciels ou serveurs (Messenger, facebook, etc.). Alors que le téléphone avait presque fait disparaître la correspondance désintéressée entre individus, voilà que le Web nous permet de nous écrire, d'ajouter des photos à nos lettres, de nous présenter à plus de 20% de la planète, de flirter avec des inconnu-e-s. Bien entendu, je passe ici sous silence les horreurs qui circulent sur Internet et les crimes commis grâce à tous ces outils. Oui! Bon! D'accord! Mais qui parmi vous n'a jamais fait un coup de téléphone? Et Einstein savait-il qu'on atomiserait des Japonais avec ses découvertes? Le fait de mener à des comportements répréhensibles n'enlève pas à une invention son potentiel d'amélioration de la qualité de vie des humains. Revenons donc si vous le voulez...

L'écrit a donc la possibilité de revenir en force sur le Web. Mais à quel prix? Pour s'adapter aux réalités hyperperformantes de cette technologie, même les plus rapides aux claviers procèdent à des détournements linguistiques afin d'accélérer la communication. Je pense ici à la langue du
« tchat ». Véritable créole cybernétique, plusieurs observent avec dédain ce « charabia ». Même moi. Pourtant, la langue n'est pas monolithique. Quand elle vit, une langue se transforme et s'adapte aux nouvelles réalités. Les autorités en la matière peuvent intervenir, mais au bout du compte, c'est l'usage qui prévaut. Qui utilise le mot « gaminet » parmi vous? Les nouveaux mots créés ne se distinguent pas tous par l'attrait qu'ils exercent. D'autres se démarquent par leur originalité, comme « clavardage » ou « courriel », mais leur implantation demeure incertaine.

Au bout du compte, réjouissons-nous quand même de voir l'écrit s'imposer de nouveau. La correspondance permet un discours réfléchi, construit avec avec des préoccupations formelles pour certains. Même lorsque créolisé, il peut prendre une tournure théâtrale par son rythme. Cette correspondance virtuelle a aussi l'avantage de pouvoir se conserver, ce qui, dans le cas d'auteurs, pourra éventuellement s'étudier. Plusieurs écrivains ont déjà des blogs depuis longtemps (Stéphane Dompierre pour ne nommer que celui-là).

Avec le téléphone, chaque personne pouvait entendre la voix de l'autre. Un bon nombre d'informations non-verbales se transmettaient alors («tu viens de te lever » . « es-tu malade? », « je te dérange là! », etc.). Le clavardage est beaucoup plus anonyme. L'internaute peut y afficher la photo de son choix, jusqu'à ne pas se montrer (d'où problème d'identité parfois), ses émotions, ses sentiments sont évacués. il ne reste que le fond de son propos, ce qui permet d'affimer que le clavardage se situe plus près soit de l'information, soit de la littérature, car la mise en forme du message ne peut vraiment s'appliquer qu'à ces dimensions du texte, à moins de reproduire des pages du dictionnaire. Un décalage presque incontournable vient ponctuer les échanges. Malgré tout, le clavardage demeure une brique de plus dans l'instauration d'un « cocooning intégral » dans notre civilisation. Bientôt, si ce n'est déjà fait, il sera réellement possible de vivre en tout temps dans sa demeure tout en ne rencontrant à peu près personne. Les besoins vitaux facilement comblés, la socialisation de l'individu pourra se faire par le biais de la fibre optique, il pourra ressourcer sa spiritualité sur des sites religieux et construire ses loisirs en choisissant des acitivités sur un menu à la carte, directement sur écran tactile. Que ce soit dans le cadre d'un noyau familial traditionnel ou sous toute autre forme, la vie peut potentiellement se présenter comme un acte solitaire ou en très petite cellule. Au fond, nous entrevoyons peut-être là la solution aux problèmes d'un environnement souillé, quand nous devrons pressuriser nos maisons et nos édifices afin de nous protéger des contaminants et des matières toxiques que la biosphère n'arrivera plus à absorber et que le simple fait de vouloir prendre une bière entre copains nous obligera à enfiler d'inconfortables combinaisons de protection (normal, elles seront fournies par nos gouvernements, peut-être par le régime de Harper III) et de subir le processus de décontamination quatre fois pour une même sortie. Nous préférerons peut-être danser devant des écrans qui refléteront les images de nos convives. Mais la drague, elle, deviendra-t-elle uniquement virtuelle?

mercredi 23 juillet 2008

Vendre le Refus Global aux enchères

Eh bien! Des exemplaires rares du Refus global sont maintenant vendus aux enchères. Le dernier vendu aux enchères à Vancouver a atteint l'incroyable valeur de 37375$. Un autre sera vendu bientôt à Québec. Quelle folie s'emparera des enchérisseurs?

Il est important de rappeler que cet essai rédigé par l'un des animateurs des Automatistes, Paul-Émile Borduas, et signé, entre autres, par les peintres Jean-Paul Riopelle et Marcelle Ferron, l'actrice Muriel Guilbeault, le poète Claude Gauvreau, fut à son époque un gros pavé dans la mare du duplessisme. La répression qui s'ensuivit mena Borduas à sa déchéance, il mourut à Paris dans le plus complet dénuement en 1960. Cet essai pourfendait les valeurs religieuses et conservatrices qui contrôlaient illégitimement un peuple prêt à s'engager dans la voie du progrès se dessinant dans l'Après-Guerre. En voici des extraits :

« Un petit peuple serré de près aux soutanes restées les seules dépositaires de la foi, du savoir, de la vérité et de la richesse nationale. Tenu à l'écart de l'évolution universelle de la pensée pleine de risques et de dangers, éduqué sans mauvaise volonté ; mais sans contrôle, dans le faux jugement des grands faits de l'histoire quand l'ignorance complète est impraticable.

Petit peuple issu d'une colonie janséniste, isolé, vaincu, sans défense contre l'invasion de toutes les congrégations de France et de Navarre, en mal de perpétuer en ces lieux bénis de la peur (c'est le commencement de la sagesse !) le prestige et les bénéfices du catholicisme malmené en Europe. Héritières de l'autorité papale, mécanique, sans réplique grands maîtres des méthodes obscurantistes, nos maisons d'enseignement ont dès lors les moyens d'organiser en monopole le règne de la mémoire exploiteuse, de la raison immobile, de l'intention néfaste. »

[...]

« Depuis des siècles les splendides révolutions aux seins regorgeant de sève sont écrasées à mort après un court moment d'espoir délirant, dans le glissement à peine interrompu de l'irrémédiable descente :

la révolution française
la révolution russe
la révolution espagnole

avortée dans une mêlée internationale, malgré les vœux impuissants de tant d'âmes simples du monde. »

[...]

« Les progrès matériels, réservés aux classes possédantes, méthodiquement freinés, ont permis l'évolution politique avec l'aide des pouvoirs religieux (sans eux ensuite) mais sans renouveler le fondement de notre sensibilité, de notre subconscient, sans permettre la pleine évolution émotive de la foule qui seule aurait pu nous sortir de la profonde ornière chrétienne. »

« Rompre définitivement avec toutes les habitudes de la société, se désolidariser de son esprit utilitaire. Refus d’être sciemment au-dessous de nos possibilités psychiques et physiques. Refus de fermer les yeux sur les vices, les duperies perpétrées sous le couvert du savoir, du service rendu, de la reconnaissance due. »

[...]

« Les forces organisées de la société nous reprochent notre ardeur à l'ouvrage, le débordement de nos inquiétudes, nos excès comme une insulte à leur mollesse, à leur quiétude, à leur bon goût pour ce qui est de la vie (généreuse, pleine d'espoir et d'amour par habitude perdue).

Les amis du régime nous soupçonnent de favoriser la "Révolution". Les amis de la "Révolution" de n'être que des révoltés : "...nous protestons contre ce qui est, mais dans l'unique désir de le transformer, non de la changer. »

[...]

« Au terme imaginable, nous entrevoyons l'homme libéré de ses chaînes inutiles, réaliser dans l'ordre imprévu, nécessaire de la spontanéité, dans l'anarchie resplendissante, la plénitude de ses dons individuels.
D'ici là, sans repos ni halte, en communauté de sentiment avec des assoiffés d'un mieux-être, sans crainte des longues échéances, dans l'encouragement ou la persécution, nous poursuivrons dans la joie notre sauvage besoin de libération. »

-Fin-

On remarque sans difficulté que le fond de ce virulent essai ne cadre en aucune manière avec le modèle économique du profit, de la spéculation ou du commerce. N'est-il pas étrange de voir des gens qui n'espèrent que voir la valeur de leur achat augmenter s'intéresser à un ouvrage si révolutionnaire? À moins qu'il ne s'agisse réellement de gens voulant obtenir cette oeuvre pour son contenu. J'en doute, si je me fie à mes sources. L'ouvrage est facilement accessible en version intégrale sur le Net et connaît encore une large diffusion. Toutes ces oeuvres produites par des artistes vivant en marge, Van Gogh, Riopelle et d'autres, n'est-ce pas là la récupération suprême que de sombrer dans ce réseau mercantiliste qu'est le Marché des Arts?

Qu'en pensez-vous?


Sources :

Michel BELLEMARE, « Un exemplaire du Refus global sera vendu aux enchères », Cyberpresse.ca, [en ligne], http://www.cyberpresse.ca/article/20080723/CPARTS/807231626/1017/CPARTS, [page visitée le 23 juillet 2008].

[ANONYME], « Refus global : un texte cinglant. », Les Archives de Radio-Canada, Société Radio-Canada, Dernière mise à jour : 7 mai 2008, http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/arts_visuels/dossiers/82-837/ [Page consultée le 24 juillet 2008].

Paul-Émile Borduas, Refus global, in La page @ Claude, [en ligne] , http://pages.videotron.com/prince9/souvenir.html, [page consultée le 24 juillet2008].